Écrire, chercher ses mots dans l’extrême diversité du langage… se laisser trouver par les mots.
« Que cherche celui qui écrit ? Dans son mouvement premier, le mot juste, celui qui dirait très exactement, sans zone d’ombre, sans flou et sans reste… qui dirait quoi ? Pour peu qu’il soit écrivain celui-là reste la plume en l’air, au-dessus de la feuille, car ce qu’il a à dire, il ne le connaît pas vraiment ; et même pas du tout. Il tente de donner une forme à une nécessité interne de formuler, de figurer, et tout ce qui lui vient sous la plume n’est jamais, vraiment, “ ça ”. Et le rapport à la parole semble s’inverser. Il ne s’agit bien vite plus de maîtriser les mots, ce sont eux qui s’imposent. Tout écrivain en a, d’une façon ou d’une autre, témoigné : il ne saurait mettre les mots à son service, il est au service des mots. Celui qui vient semble juste, et même le plus exact, et cependant il hésite, et il en trouve un autre et il hésite encore, et c’est un autre qui s’impose, qu’il ne trouve pas mais qui le trouve. »
François Gantheret, Moi, Monde, Mots (Gallimard, Connaissance de l’inconscient, 1996)